Année de la santé mentale : il n’y a que des preuves d’amour…
Année de la santé mentale : il n’y a que des preuves d’amour…
Année de la santé mentale : il n’y a que des preuves d’amour…

Tous les acteurs de la santé mentale et de la psychiatrie l’ont dit, la Grande cause nationale 2025 est une chance pour ce secteur et nous ne pouvons que nous en réjouir, ne serait-ce que pour favoriser l’information, la déstigmatisation et le changement de regard sur les troubles psychiques. Mais, beaucoup l’ont dit également, les intervenants en psychiatrie ne pourront pas se satisfaire de pétitions de principe, de bonnes intentions et de déclarations d’amour.
La crise de l’offre de soins est telle que la déception serait terrible, pour les professionnels et les personnes concernées, si cette année n’était pas l’occasion de donner l’impulsion indispensable aux réformes et aux renforcements nécessaires pour sortir de l’ornière. Bien sûr, tout ne se fera pas en un an car les retards accumulés sont colossaux. Mais des décisions fortes doivent être prises dès aujourd’hui, avec des engagements fermes et clairs pour les années à venir.
La ressource principale du soin en psychiatrie est, et de loin, la ressource humaine, avec plusieurs métiers essentiels comme les médecins, les infirmiers, les psychologues et quelques autres. Tous ceux-là sont actuellement touchés par des pénuries, à la fois de postes et de candidats. Il faut donc absolument enclencher une démarche volontariste de créations d’emplois d’une part et de travail sur l’attractivité de ces métiers d’autre
part (rémunérations, conditions de travail, formations, projets de carrière, etc.). Et ceci dans le cadre d’une vision stratégique, modernisée, éthique et à long terme de l’organisation des soins, qui devrait faire l’objet d’une loi
spécifique.
Mais, de tout cela nous ne voyons rien venir à ce jour. L’espace parlementaire nécessaire pour un projet de loi risque d’être difficile à trouver s’il n’est pas porté très activement par le gouvernement. Et, surtout, les financements indispensables risquent d’être remis à plus tard au motif des urgences du moment, déficits à
combler et désormais investissements dans la défense. Mais un tel renoncement serait catastrophique. Depuis des années, la poussière est mise sous le tapis, on colmate ici ou là les hôpitaux en détresse, on s’appuie sur des initiatives innovantes d’acteurs courageux et passionnés pour entretenir l’illusion d’une psychiatrie en progrès, mais en réalité les failles s’aggravent et menacent des pans entiers de notre système de soin en santé mentale.
Attendre des temps meilleurs au plan budgétaire pour agir est à l’évidence une chimère, ça ne sera jamais le
bon moment. Et tout ce temps perdu se paiera au centuple au plan humain mais aussi au plan financier : ne pas soigner expose aux états de crises, aux arrêts de travail, aux complications sous forme d’addictions et de maladies physiques, etc.
Il n’y a donc pas d’amour pour la santé mentale et la psychiatrie, il n’y a que des preuves d’amour,… tangibles !